dimanche 15 avril 2012

Bovarysme et tragique (Colette Camelin)

Jules de Gaultier

Colette Camelin vient de publier un article dans le numéro 9 de LHT, la revue en ligne du site Fabula, numéro dirigé par Marielle Macé et consacré au bovarysme. L'article porte en grande partie sur Victor Segalen. Vous pouvez le lire dans son intégralité ici. En voici le résumé :

Le Bovarysme en tant que capacité à « se concevoir autre » est une tentative pour penser notre rapport au réel : soit il consiste en une aliénation qui fixe le sujet à des fantasmes et le coupe du réel (c’est ce qui arrive à Emma) ; soit, par la force de l’imagination, il dégage de nouvelles possibilités de pratiques dans le réel. Ce Bovarysme libérateur s’inscrit dans la pensée vitaliste de Bergson, c’est une puissance dynamique d’adaptation au mouvement de la vie. Jules de Gaultier insiste aussi sur la dimension esthétique empruntée à Schopenhauer : le Bovarysme devient alors le pouvoir de transformer sensations et émotions en jouissances esthétiques. L’exotisme de Segalen se réfère explicitement à Jules de Gaultier, mais il diffère du Bovarysme sur plusieurs points : il s’agit d’éprouver le choc du Divers — une secousse au contact du « bon gros réel ». De plus, le travail artistique est indissociable d’un art de vivre, l’intensité de la sensation de la jouissance esthétique. Surtout, en nietzschéen, Segalen s’écarte de l’idéalisme schopenhauerien et du Bovarysme, pour se tourner vers la pensée tragique, consistant à admettre toute réalité, si terrible soit-elle ­­— c’est ainsi que « s’exalte l’existence ». (Texte de Colette Camelin).