mercredi 26 novembre 2014

Vente de la bibliothèque d'Henry Bouilier


La maison de ventes spécialisée ALDE, en collaboration avec la maison de ventes Artcurial, organise la vente des ouvrages de la bibliothèque d'Henry Bouillier le mardi 9 décembre, à 10 h, au 7, Rond-point des Champs-Elysées, 75008 Paris.
La collection est très riche et contient par exemple des exemplaires de Stèles ou la correspondance avec Emile Mignard. 
Mme Sophie Bouillier commente ainsi le contenu de la bibliothèque de son père : 
La collection de mon père concernant les éditions Segalen est émouvante car elle est l'aboutissement de recherches de toute une vie, avec des Segalen ayant appartenu à Farrère, Gilbert de Voisins, et Claudel par exemple.
Vous pouvez consulter le catalogue sur le site de la maisons Alde ou sur celui d'Artcurial
Si vous êtes intéressé, il convient de contacter Me Jérôme Delcamp de la maison de vente Alde.

ALDE
1, rue de Fleurus 75006 PARIS
Tél : + 33 (0)1 45 49 09 24
Facs : + 33 (0)1 45 49 09 30

lundi 29 septembre 2014

Vente à la Galerie Charpentier

Extrait de l'exemplaire de Stèles offert à Jean Lartigue
La Galerie Charpentier à Paris (le bureau de Sotheby en France) met en vente deux lots qui concernent Segalen :
La vente a lieu le mardi 7 octobre à 14 h 30 au 76, rue du Faubourg Saint Honoré à Paris.
Une exposition se tient les vendredi 3 et samedi 4 octobre de 10 h à 18 h, ainsi que le lundi 6 octobre de 10 h à 20 h.
Je remercie Gilbert Voisins de m'avoir fourni cette information.

lundi 16 juin 2014

Miroirs croisés France Chine



Une journée d'études est organisée le 19 juin 2014 à l'Ecole normale supérieure, à l'occasion de la prochaine publication d'un volume intitulé Miroirs croisés Chine-France. L'ouvrage a été co-dirigé par Mmes Béatrice Didier et Meng Hua.

Voici le programme de la journée : 

14h : Ouverture 
  • Pascal Lécroart : Sous le signe de la célébration du cinquantenaire des relations diplomatiques Chine-France. 
  • Catherine Mayaux et Béatrice Didier : Une nouvelle collection : "La Route de la soie". 
  • Meng Hua : Comment est né "Miroirs croisés". 
  • Cécile Planchon : Difficultés et réalisations. 

14h45 : Les relations France-Chine aux XVIIe et XVIIIe siècles 
  • Gérard Lahouati : Les chemins de la Chine. 
  • Meng Hua : Le Confusianisme des philosophes. 
  • Béatrice Didier : Le mythe de la musique chinoise en France au XVIIIe siècle. 

15h15 : Discussion et pause

16h30 : Aux XIXe et XXe siècles 
  • Muriel Détrie : Les relations franco-chinoises au XIXe siècle. 
  • Catherine Mayaux : La France et la Chine au XXe siècle. Le cas de Saint-John Perse. 
  • Philippe Postel : Segalen et la Chine. 

17h45 : Discussion

18h : Clôture et projets

Adresse :
ENS
45 rue d'Ulm
Salon (rez-de-chaussée)

Segalen, personnage de Jean Guerreschi



Jean Guerreschi
L'écrivain Jean Guerreschi va publier en ligne, sur son blog, à partir du 25 juin, son roman Montée en première ligne, dans lequel Victor Segalen tient une grande place. Le roman a paru en 1988 chez Julliard, et a reçu le prix de l'Humour noir, prix de la Société des gens de lettres), mais le roman est aujourd'hui épuisé. 
Segalen y est présent dès le second jour, le 26 juin, et pratiquement tous les jours suivants. 
Voici une présentation de l'auteur : 
 « Le roman suit les notes du Voyage au pays du Réel avec des éléments d’Equipée. Outre mon admiration pour l’homme et pour son style, l’intérêt de sa présence pour moi dans le récit provient de ce qu’il rythme l’action par sa marche continuelle, émerveillée et douloureuse. Il est par ailleurs très loin du théâtre des opérations à venir et, en même temps, proche "du dedans" car il regarde la mort de près en la personne du Père Monbeig (la réflexion sur le cadavre est donnée dans trois versions très proches le même jour), fonctionnant ainsi comme contrepoint émotionnel et poétique du récit susceptible d’en déplacer le centre et d’y renvoyer sans cesse.
J’espère que le texte, qui a aujourd’hui un quart de siècle, ne décevra pas vos attentes. »

mercredi 28 mai 2014

Genèse de "Trahison fidèle"



 

La revue Genesis, dans son numéro 38, intitulé « Traduire », publie une étude sur un célèbre poème de Stèles, « Trahison fidèle » : Genèse du poème « Trahison fidèle » dans Stèles de Victor Segalen, par Jean-Jacques Queloz et Danielle Terrien.

lundi 19 mai 2014

Colloque Segalen au Huelgoat

Wei Ligang, Ode à Segalen (2013)

Un colloque international se tient le samedi 31 mai et le dimanche 1er juin à l'Ecole des Filles de Françoise Livinec, au Huelgoat. Une exposition est également proposée au même endroit.

Un Colloque
C’est au Huelgoat, dans les bois d’en haut, à fleur de granit, au bord du chaos, en lisière du gouffre, que Victor Segalen, poète sinologue, vint mourir en mai 1919. L’association Les Amis de l’École des filles honore la mémoire de l’écrivain, l’un des plus importants du XXe siècle, qui fut aussi médecin de marine, ethnographe et archéologue, lors d’un colloque international qui se tiendra le week-end du 31 mai et 1er juin 2014. 
L’Ecole des filles a initié en 2013 un nouveau temps fort à la date anniversaire de la mort de Victor Segalen au Huelgoat. La seconde édition du colloque Victor Segalen sera consacrée aux grandes figures d’explorateurs, et interrogera le statut ambigu et parfois controversé des objets d’art rapportés lors de ces expéditions et aujourd’hui conservés dans nos musées.

Samedi 31 mai 15 h : Les grandes figures d’explorateurs
Chaque intervenant revient sur une personnalité de voyageur, ou d’archéologue, du début du XXe siècle.
  • Jean-Pierre Drège (directeur d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes section des sciences historiques et philologiques et spécialiste de l’histoire et de la civilisation de l’écrit en Chine), Paul Pelliot : la découverte des manuscrits de Dunhuang
  • Jennifer Lesieur (journaliste et biographe a publié en 2013 une biographie d’Alexandra David-Néel.), Alexandra David-Néel : une exploratrice audacieuse
  • Olivier De Bernon (ancien président du musée des arts asiatiques Guimet), Louis Delaporte et le Cambodge
  • Jacques Dumasy (diplomate, ancien consul général de Chine, a dirigé la publication en février 2014 de l’ouvrage «La France et la Chine. (1248-2014) De la méconnaissance à la reconnaissance»), Victor Segalen, explorateur et archéologue
Dimanche 1er juin 15h00 : Faut- il rendre les oeuvres d’art ?
Cette deuxième journée interrogera le statut ambigu et parfois controversé des objets d’art rapportés lors de ces expéditions et aujourd’hui conservés dans nos musées. Le XIXe siècle découvrait l’archéologie mais ce mouvement culturel s’accompagnait également d’une prise de possession physique parfois 
violente. Les intervenants, réunis autour d’une table ronde, débattront du sujet des 
restitutions à partir d’exemples précis comme le sac du Palais d’été de Pékin 
en 1860, les marbres du Parthénon, que la Grèce réclame à l’Angleterre, les 
spoliations de la seconde Guerre Mondiale ou encore la restitution de têtes 
maoris à la Nouvelle-Zélande par la France en 2012.
  • Mael Bellec (conservateur du patrimoine au musée Cernuschi musée des Art de l’Asie de la ville de Paris)
  • Philippe Le Burgue (expert à la cour d’appel)
  • Sylvestre Clancier (poète, essayiste, Professeur à l’Université Paris I)
  • Participation des artistes : Bernard Rancillac, Won Sou Yeol, Loïc Le Groumellec, Matthieu Dorval, Valérie Guillet, Zuka, Guillaume Castel.
Une exposition : Exote - l’esthétique du divers
Dans son Essai sur l’exotisme, Victor Segalen, définit l’esthétique du divers et imagine le personnage de «l’Exote» comme celui qui fort de sa culture arrive à s’en déposséder pour découvrir la culture de l’autre. Dans les salles de l’Ecole des filles s’ouvre un dialogue entre les œuvres d’artistes modernes et contemporains qui portent, chacun à leur manière, un regard sur l’esthétique du divers. «Je conviens de nommer Divers tout ce qui jusqu’à aujourd’hui fut appelé étranger, insolite, inattendu, surprenant, mystérieux, amoureux, surhumain, héroïque et divin même, tout ce qui est Autre». C’est de cette diversité qu’il appelle de ses vœux, de cette esthétique du Divers, dont il sera question.

Le prix Victor Segalen 
Un jury prestigieux récompensera l’une des œuvres contemporaines présentées dans les 2 000 m2 de salles d’exposition de l’Ecole des filles.
Artistes exposés : Paul-Auguste Masui, Léon Zack, Sergio de Castro, Bernard Rancillac, Xavier Krebs, Won Sou Yeol, Loïc Le Groumellec, Wei Ligang, Yang Xiaojian, Zuka, Matthieu Dorval, Valérie Guillet, Anaïs Touchot, Guillaume Castel et Thomas Langrand.

Informations pratiques
Ecole des Filles
25, rue du Pouly
29690 Huelgoat
+33 (0)2 98 99 75 41
+33 (0)6 99 49 58 09
contact@ecoledesfi lles.org
www.ecoledesfilles.org
Ouverture : 11h-19h
Entrée de l’exposition et du colloque : 5 €
Réservation conseillée
Restauration : possibilité de déjeuner sur place avec les intervenants et les artistes, aux Demoiselles de la mer. Réservation indispensable : Réservation : contact@ecoledesfi lles.org. +33 (0)2 98 99 75 41


jeudi 15 mai 2014

Séminaire Transferts culturels à l'ENS


Le séminaire "Transferts culturels" de l'UMR "Pays germaniques" de l'Ecole normale supérieure (rue d'Ulm), coordonné par Michel Espagne et Pascale Rabault-Feuerhahn, propose le 22 mai une séance, intitulée "Médiations chinoises de la pensée occidentale" consacrée à la Chine, où deux communications porteront sur Victor Segalen.
  • Huang Bei (Université de Fudan) : Victor Segalen : un « taoïste » nietzschéen en Chine
Arrivé en Chine en 1909, Victor Segalen était témoin de la révolution chinoise de 1911, avant de croiser la révolution russe en 1917, et avant de disparaître, avec la grande guerre, en 1919. Et pourtant, l'homme qui s'éteint avec une époque chante, dans Peintures, la chute des dynasties successives dans l'histoire de Chine comme la seule voie du renouveau possible. A travers l' « éternel retour », le poète confond volontairement la vision taoïste et la vision nietzschéenne, pour inventer une poétique du « spectacle du Divers ».
  • Colette Camelin (Poitiers) : Deux visions opposées de l'Empire de Chine : Wang-Loun d'Alfred Döblin et René Leys de Victor Segalen)
Après deux mille ans de régime impérial constant, le dernier empereur de Chine a abdiqué le 12 février 1912. Cette année-là, Alfred Döblin entreprend, à Berlin, la rédaction de Die drei Sprünge des Wang-lun, Chinesischer Roman et Victor Segalen commence René Leys en 1913 à Pékin. Le premier met en scène l'Empereur Qianlong, au XVIIIe siècle, le second évoque les dernières années de l'Empire. Döblin et Segalen admiraient les penseurs du Dao, mieux connus grâce à des traductions contemporaines en Allemagne (Richard Wilhelm) et en France (Léon Wieger). Mais les interprétations esthétiques et politiques qu ils en donnent dans ces romans sont opposées : Döblin écrit l épopée des « Vraiment faibles » menés par Wang-loun, révoltés contre les abus de pouvoir de Qianlong, tandis que Segalen construit un roman ironique, exprimant sa nostalgie de la puissance impériale.

9h30 à 12h30
Ecole normale supérieure
29 ou 45 rue d Ulm, 75005
Salle Cavaillès.

dimanche 27 avril 2014

Disparition d'Henry Bouillier


Nous avons appris, par sa fille Sophie, la disparition d'Henry Bouillier.

Nous savons tous qu'il fut le fondateur des études segaléniennes, par sa thèse magistrale, soutenue en 1961.

Nous souhaitons exprimer publiquement, au nom de l'Association, toute notre sympathie aux membres de sa famille.

Un service sera célébré à l'église Saint-Etienne-du-Mont (derrière le Panthéon), ce mardi, 29 avril 2014, à 14 h 30.

dimanche 13 avril 2014

Vente exceptionnelle Artcurial


La maison Artcurial, située au 7, Rond-point des Champs-Elysées, organise une vente exceptionnelle le mercredi 16 avril à 14h30.
Concernant Victor Segalen, on compte 4 lots :
  • n° 358 : manuscrit autographe de Stèles (dont on voit la première page ci-dessus)
et trois dessins inspirés de Paul Gauguin :
  • n° 359 : dessin original d'après "Le Cheval blanc".



  • n° 360 : dessin original d'après "En pleine chaleur".



  • n° 361 : dessin original signé : Masque de Tahitienne, d'après une photographie d'une sculpture détruite.



Je vous renvoie au catalogue en ligne, p. 242-250, entrées 359-361.
(Information fournie par Martine Courtois).

Voici l'article que Libération a consacré à cette vente dans son édition du 15 avril 2014.

C'est le groupe Aritophil qui s'est porté acquéreur du manuscrit de Stèles. Les trois dessins semblent être restés invendus. Voir aussi ici.

dimanche 6 avril 2014

Mission archéologique dans le Sichuan : un documentaire de Maria Zinfert sur Arte


Piliers de Quxian (K'iu-hien) dans le Sichuan (Sseu-tch'ouan), Mission archéologique de 1914
La chercheuse allemande Maria Zinfert a réalisé un documentaire sur Segalen qui sera diffusé sur Arte lundi 16 avril à 16h25 (53 mn). Rediffusion mardi 22 avril à 16h25.
En 1914, l'écrivain Victor Segalen conduit une mission archéologique française à travers le Sichuan, à la recherche de sépultures de la dynastie Han. Il en rapporte de précieuses photos qui témoignent d'une Chine aujourd'hui disparue.
Un extrait de 2 mn est visible sur le site d'Arte.
Voici les contributions de Maria Zinfert concernant Victor Segalen :


mercredi 19 mars 2014

L’éclat du voyage : Blaise Cendrars, Victor Segalen, Albert Londres (thèse)


Mathilde Poizat-Amar est actuellement "Associate lecturer" (l'équivalent du statut d'ATER) à l'Université du Kent. Elle va soutenir au printemps prochain une thèse partiellement consacrée à Segalen. Son travail est dirigé de manière conjointe par le Professeur Peter Read et le Dr. Thomas Baldwin (University of Kent) ainsi que par le Professeur Myriam Boucharenc (Université Paris X-Nanterre). Voici la présentation de sa thèse, qu'elle a bien voulu rédiger pour nous en informer.
La thèse explore les œuvres de Blaise Cendrars, de Victor Segalen et d’Albert Londres sous l’angle de « l’éclat du voyage » et se propose d’analyser les effets produits par la présence du voyage sur un plan diégétique, métadiégétique et stylistique. Chez ces trois auteurs, la notion de voyage dépasse en effet sa vocation thématique pour se faire véritable matière à travailler le langage, le texte et atteindre la sphère de la littérarité en exerçant sur le texte une menace d’éclatement. Le texte affecté par le voyage , loin d’être mis en péril, s’inscrit ainsi dans une modernité littéraire : en prenant le risque, par le détour du voyage, d’une écriture dé-formant, re-formant, re-définissant la littérature, les trois œuvres examinées illuminent quelques chemins de traverse dans lesquels s’engagent œuvres et critique contemporaines.
La thèse interroge les premiers écrits de Cendrars (1912 – 1948) en explorant par quelles voies la présence conjointe du motif du voyage et de l’éclatement conduit à la création d’une représentation fractale du monde. La mise en évidence de trajectoires chaotiques des personnages cendrarsiens au cœur d’un monde ontologiquement fracturé permet l’édification textuelle d’une « anarchitecture » poétique et moderne. L’examen du cycle polynésien de Segalen met en évidence la présence du voyage comme le résultat d’un écart désirant, véritable menace de déchirure entre l’ici et l’ailleurs, soi et l’autre, soi et soi. Cet écart aboutit, à travers une présence textuelle, à la formation d’une poétique littéraire de la diffraction, poussant ainsi l’œuvre aux limites d’un hors-littérature. Enfin, à travers l’étude des reportages d’Albert Londres, le voyage apparait comme un moyen de creuser un écart investi à un niveau diégétique, extradiégétique et métadiégétique, et montre comment l’écriture du voyage trouve un regain de force par le détour du reportage.

samedi 22 février 2014

René Leys en ligne


Tipram Poivre a mis en ligne le roman de Segalen, René Leys, qu'elle présente sur plusieurs sites d'éditions en ligne comme Le Souffle numérique. Voici le compte rendu de Sophie Labatut : 
On ne peut que se réjouir de la diffusion de ce roman : le fait qu’il soit accessible en numérique est déjà un acquis, qui permet une lecture ou une étude par entrées.
Malheureusement, la rigueur scientifique n’est pas au rendez-vous de cette publication.
L’introduction :
La rédaction se veut séduisante, mais ne fait pas état de connaissances approfondies sur le roman, sa conception et ses conditions de publication. Dans le peu d’informations avancées, elle comporte une erreur révélatrice : jamais Maurice Roy n'a prétendu être l'amant de l'empereur Kouang-siu, il disait (comme René Leys) être celui de sa femme, l’impératrice Long-yu…
Les notes :
D'abord, elles sont légères, et font trop peu de lumière sur l’histoire chinoise (alors que René Leys se passe l’année de la Révolution quand même).
L’auteur, censée très bien connaître Pékin, affirme que les jie 街 sont les rues nord-sud et les hutong 胡同 les rues est-ouest (les hutong désignant dans René Leys comme dans le réel les quartiers anciens de la ville mandchoue, sinueux, avec des ruelles — Segalen parle des « venelles » — étroites et labyrinthiques qui relient les maisons traditionnelles, les siheyuan 四合院 : ils ne sont pas du tout rectilignes).
Les notes qui concernent Segalen sont par trop superficielles : par exemple p. 11 une note dit que la volonté du narrateur (dont le modèle est Segalen) de faire un livre sur Kouang-siu n'a pas d'élucidation : le rédacteur ne connaît-il pas le Fils du Ciel ?
On trouve en revanche quelques notes sur Kouang-siu, mais qui relèvent d’un goût du sensationnel qui va jusqu’à l’inexactitude (serait-ce le même effet de « teasing » que celui de l’introduction ?) : par exemple (p. 45), l'histoire des "pollutions nocturnes" de Kouang-siu quand il rêve et entend le gong... est une allusion à l’hypersensibilité médicalement attestée en effet de l’empereur, et sans doute à la fascination du jeune Segalen pour les neurasthénies synesthésiques décadentistes, mais affirme gratuitement la résultante éjaculatoire.
Sachant que les notes ne sont pas très nombreuses, ce goût prononcé pour le sensationnel pseudo-érotisé pose quand même problème, et relève de la facilité, du trop-vite-fait. Le mauvais goût n’est certes pas absent du roman, c’en est même un des ressorts romanesques, mais un lecteur pourrait attendre de notes sérieuses beaucoup d’autres éclairages.
Le texte :
Là encore, l’établissement du texte est problématique.
Tipram Poivre reprend en fait la première édition de René Leys, sans doute parce qu’elle est libre de droits. Mais cette édition posthume, établie par un ami de Segalen, Jean Lartigue, est très fautive par rapport au manuscrit. Le texte que les internautes peuvent lire est donc le plus erroné de tous les établissements, ce qui rend caduc l’effet bénéfique de la lecture en ligne par entrées, si pratique lorsqu’on étudie de près le texte.
L’éditrice ne semble pas d’ailleurs bien connaître les arcanes de cette édition : elle affirme qu’elle prend le premier texte, chez Plon en 1929, alors que la première publication en volume a eu lieu chez Crès en 1922 (le texte cependant est le même, car Plon rachète Crès et écoule les stocks sous couverture de relais simplement, à partir de 1929 en effet) : querelle d’érudits, mais enfin on peut attendre d’une éditrice aussi affirmative qu’elle ait des connaissances fiables, et qu’on trouve facilement dans les préfaces des éditions de poche. 
Le plus étonnant est que, tout en reprenant cet établissement, s’y glissent beaucoup de changements, notamment ceux qui concernent la ponctuation (dont la dernière page dit que c’est dans un but de simplification). Non seulement cette modification semble superfétatoire, la lecture n’étant pas si altérée en réalité par la ponctuation saturée, typique de l’époque ; mais encore le texte délivré se retrouve être une modification arbitraire d’un mauvais établissement de texte… autant dire un faux texte. Nos bibliothèques en sont pleines, nous le savons bien, mais le geste n’est pas très scientifique. Ainsi, Tipram Poivre crée un nouvel état du texte, qui n’a aucun fondement réel : le deuxième paragraphe du roman, par exemple, comporte des tirets dans tous les établissements précédents (1922, 1978, 1999, 2000), sauf dans celui-là. Autant dire qu’il y a de quoi douter fortement : le roman qu’on lit est-il le bon ? existe-t-il seulement ? quelle autorité le garantit, à part le caprice ?
Enfin, l'idée d'insérer des photos au cœur même du texte laisse croire que c'est Segalen qui les y a mises, ce qui n’est pas le cas. Cela induit un effet de lecture très important, qui brouille les codes habituels de la fiction. Le minimum serait quand même de le préciser.
La vitalité des éditions, même fautives comme celle-là, est tout de même bon signe : quel grand auteur n’a pas eu à subir les griffures et les blessures d’éditeurs ou d’imprimeurs trop peu scrupuleux ? Réjouissons-nous si c’est le signe d’un intérêt littéraire toujours vivant pour ce roman si moderne, et espérons qu’un travail plus sérieux soit entamé sur le même support.
Sophie Labatut