vendredi 23 novembre 2012

Centenaire de Stèles à Pékin et à Tianjin


Je vous laisse découvrir la vidéo de la performance qui a eu lieu le 14 septembre 2012 dans la demeure du Prince Qing à Tianjin, où Juliette Salabert, Directrice de l'Alliance française de Tianjin, avait organisé une rencontre à l'occasion du centenaire de la publication de Stèles. Le poète Shu Cai 树才 lit le poème qu'il a consacré à Segalen (Mar Fontana lit la traduction en français), et l'artiste Ji Dahai 季大海 exécute une calligraphie.
Vous pouvez aussi voir sur le côté droit un diaporama des photos de l'exposition Victor Segalen organisée par Marc Fontana, Directeur de l'Institut français de Pékin, à la Bibliothèque nationale de Chine (29 août-12 septembre 2012). L'exposition rassemblait une présentation de certaines oeuvres de Segalen, des stèles de porcelaine de Ji Dahai, des calligraphies de Dai Qian 戴茜 et de Gu Liting 谷李婷 et une installation de Li Chevalier (Shi Lan 诗蓝).

Stèles à la Bibliothèque Jacques-Doucet




L’exposition "Livres de création"; qui présentera entre autres les éditions originales de Stèles de Segalen et de Cent phrases pour éventails de Claudel, aura lieu du 3 décembre 2012 au 3 mars 2013 dans la Salle d’exposition de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, 46 rue Saint Jacques, Paris 5°. La visite peut se faire sur réservation par mail : visites.sorbonne@ac-paris.fr ou : doucet@bljd.sorbonne.fr.

lundi 29 octobre 2012

Jean Lartigue




Un ouvrage de Philippe Rodrigez consacré à Jean Lartigue, ami et compagnon de route de Victor Segalen, vient de paraître aux éditions des Indes Savantes : Jean Lartigue, avec pour sous-titre : Une vocation, la Marine Une passion, la Chine Une amitié, Victor Segalen.

Merci à M. Gilbert Voisin de nous l'avoir signalé lors de l'Assemblée générale de l'Association.

Voici le texte de présentation des éditions des Indes savantes :
Jean Lartigue fait partie de ces illustres officiers de marine qui, à côté de leur service dans la Royale, se sont illustrés par leurs talents d’écrivains ou de savants au tournant du XXe siècle. Connu jusque-là par sa longue amitié avec Victor Segalen, la publication de ses Notes d’Étapes (2011) a révélé ses travaux archéologiques en Chine, aux côtés – et non derrière – son ami Segalen. L’intérêt que Chavannes, Pelliot et de nombreux autres sinologues et institutions savantes ont porté aux travaux de Lartigue en témoigne. L’auteur a pu utiliser une très riche collection d’archives et de photographies inédites de Jean Lartigue pour redonner à ce dernier une place souvent occultée par la gloire de Segalen. L’importance de l’amitié et de la relation des deux hommes, leurs échanges littéraires et leurs travaux archéologiques en Chine, sont mis en lumière ici. Les lettres de Segalen à Lartigue, le Journal de ce dernier, éclairent la personnalité de Segalen, et la fin de sa vie, d’un jour nouveau. Une vie remarquable, marquée de l’empreinte chinoise, mais aussi par les deux conflits mondiaux (l’amiral Lartigue meurt en juin 1940) est restituée par Philippe Rodriguez, descendant de la famille Lartigue, et ardent défenseur de la mémoire et de l’œuvre de son héros, tant par les publications que par le travail fait avec le Musée national des Arts asiatiques-Guimet.

vendredi 26 octobre 2012

Mort et poésie dans le Magazine littéraire



Le numéro 525 du Magazine littéraire, daté de novembre 2012, vient de paraître. Le dossier Ce que la littérature sait de la mort contient un article de Martine Courtois sur le poète Victor Segalen. On trouve le magazine en kiosque ou sur Internet.
Le magazine a malencontreusement changé le titre initial ("Victor Segalen, la mort exotique") en "Segalen et le plus grand des voyages", créant ainsi un contre-sens sur l'article. Pour le sous-titre de l'article, la célèbre citation d'"Édit funéraire" dans Stèles—"La mort est fort habitable. J’habite dans la mort et m’y complais."—a également été remplacée par une expression plus plate : “le tombeau est fort habitable”.

dimanche 19 août 2012

Thèse d'Olivier Descambs





Louis Soutter, Il est sanglant (Bon père (verso)) (1937-1942, Galerie Haas)

Olivier Descambs a soutenu une thèse sur Victor Segalen le 4 juillet dernier : De la connaissance de la Chine à la connaissance de Dieu dans l'œuvre de Victor Segalen : une théologie de l'écriture au péril de la littérature, sous la direction de Christian Doumet. 

En voici le résumé, fourni par l'auteur lui-même :

La recherche s’attache aux rapports dans l'œuvre de Victor Segalen entre littérature et connaissance de la Chine étudiée sous l'angle de son intégration littéraire : déformations, réélaborations, moyens de la faire signifier impliquant une réévaluation critique de la manière dont se définissent aujourd'hui littérature et sinologie. Dans le contre-jour de la littérature, le savoir sinologique apparaît comme la figure d'un savoir impossible dont la littérature aurait par vocation la garde aux temps finissants de l'ontothéologie. Au recours à la sinologie comme savoir alternatif pour combler le silence d'une théologie devenue inaudible s'ajoute une gnose issue des parasciences venant aussi sur le terrain du "sacré" supplanter un héritage chrétien démonétisé. Mais le rejet du christianisme s'accompagne dans l'ordre du poétique d'un retour de motifs, de structures, de modes de penser et de mises en œuvre authentiquement théologiques. 
Si la recherche propose une réflexion sur l'essence du poétique à partir de la problématique de la connaissance de la littérature, à l'écoute de la parole théologique (parole de Dieu des théophanies, parole sur Dieu des théologiens), elle élabore une caractérisation du poétique à même de correspondre avec les conceptions de "l'Absolu littéraire". Ces poétiques relèvent d'une théologie de la parole "au péril de la littérature" conduisant à son "délaissement" ; jusqu'où ce "délaissement" conduit-il ? Éclairant la théologie au moyen des principes de la théorie littéraire, en retour, l'éclairage théologique de ces mêmes principes permet enfin de répondre à cette question.

mercredi 1 août 2012

Exposition Ye Xin à Huelgoat

YE Xin - Hommage à Victor Segalen 1
40 X40 cm - encre et couleur sur papier marouflé sur toile-2007

La galerie "Encre de Chine - Les Stèles", de la belle librairie de Huelgoat (Finistère), présente une exposition de Ye Xin, en hommage à Victor Segalen.
Le puits de la Cité.
17 cm - encre et couleur marouflé sur toile - 2012

Les pleurs de la muraille.
17 cm diam - encre et couleur sur papier marouflé sur toile - 2012

Hommage à Victor Segalen 240 X40 cm - encre et couleur sur papier marouflé sur toile-2007

Hommage à Victor Segalen 340 X40 cm - encre et couleur sur papier marouflé sur toile-2007

 Legende du pinceau 6
20x20 cm - encre et couleur marouflé sur toile - 2007

Picasso - si j etais chinois 2
20x20 cm - encre et couleur sur papier marouflé sur toile - 2007

Ye Xin est un peintre chinois qui a notamment travaillé sur Baudelaire et Hugo. Il aborde ici l'oeuvre de Segalen, à travers une vingtaine de peintures.

L'exposition présente également des oeuvres de Lo Ch'ing, Zhou Gang, Ma Haifang et Zhao Biru.

De plus, André Bernicot anime une discussion autour de Segalen le vendredi 20 juillet.

Exposition ouverte du 3 juillet au 8 septembre, du mardi au samedi de 14 h à 19 h.

  • Adresse : 24, place Aristide-Briand 29690 Huelgoat
  • Téléphone : 06 86 40 61 09.
  • Courriel : contact@les.steles.fr

mardi 3 juillet 2012

Auditorium Victor-Segalen à Bécherel


La Maison du Livre et du Tourisme de la ville de Bécherel (près de Rennes) a inauguré samedi 30 juin un auditorium baptisé Victor-Segalen.

A cette occasion une exposition sur l'écrivain est proposée aux visiteurs, du 14 mai au 29 juillet, comprenant des photographies et des éditions de ses ouvrages.



Le Président de la Maison a fait un discours en présence d'une trentaine de personnes, parmi lesquelles deux "ségaléniens":


Mauricette Berne, ancienne responsable du fonds Segalen à la BnF, a évoqué la mémoire d'Annie Joly-Segalen ; j'ai moi-même proposé une conférence dans le nouvel auditorium, sur "L'aventure de la grande statuaire".


Dans la salle elle-même, quelques panneaux retracent le parcours de Segalen.


Un article de Ouest-France a couvert l'événement.

jeudi 7 juin 2012

Centenaire de Stèles à Pékin


Exposition d'œuvres de Li Chevalier à Beijing

La Bibliothèque nationale de Chine et l’Institut français de Chine organisent une exposition intitulée

Victor Segalen, Stèles, 1912-2012

L'exposition est réalisée par l’Institut français de Chine en partenariat avec la Bibliothèque nationale de Chine et l’Académie centrale des Beaux-Arts de Pékin, sous le patronage de l’Ambassade de France en Chine, avec le concours de la Bibliothèque nationale de France et de la Fondation Victor Segalen.

Cette exposition est présentée du 29 août au 12 septembre 2012 à la Bibliothèque et du 15 septembre au 15 octobre 2012 à l'Institut, puis dans différentes villes de Chine au cours de l’année 2013, dans des établissements culturels chinois et dans les Alliances françaises.

L’exposition est constituée d’un choix de poèmes de Stèles accompagnés, comme dans le livre de Victor Segalen, de calligraphies. Elle se présente sous la forme de vingt « bannières » d’un format de 1,70 x 0,70 m. Sept de ces vingt «bannières» sont en réalité des rouleaux de calligraphies originales «à la chinoise». Ces supports et ces dimensions ont été choisis pour rappeler la forme des stèles et parce qu’ils autorisent un vrai travail de calligraphie dans un format traditionnel. Toutes les calligraphies sont exécutées par les élèves du maître calligraphe Xu Hai de l’Académie centrale des Beaux-arts de Pékin. Les poèmes sont reproduits en français et en traduction chinoise.

L’exposition est complétée dans une salle sous-jacente par une installation de stèles par la plasticienne Li Chevalier. Cette artiste franco-chinoise, dans ses précédentes expositions, a déjà réalisé des stèles éclairées de l’intérieur et présentées couchées ou bien dressées.  Pour cette exposition qui requérait sa participation, étant donné sa double appartenance culturelle et la connivence de son inspiration avec l’œuvre de Victor Segalen, Li Chevalier installera 81 stèles, chiffre choisi par Victor Segalen en 1912 pour le tirage de tête de son livre et qui correspond au nombre sacré des dalles de la terrasse du Temple du Ciel à Pékin.

Un certain nombre de documents seront exposés à la Bibliothèque nationale de Chine : manuscrit original de Stèles, exemplaires de l’édition originale, ouvrages de Victor Segalen et documents photographiques.

Enfin, l’exposition comporte une partie documentaire qui retrace la vie de Victor Segalen en Chine dans le but de faire découvrir au public chinois non seulement son œuvre littéraire et poétique mais aussi son apport à l’archéologie de la Chine.

Des conférences et lectures par des intervenants français et chinois et la projection d’un film documentaire sur Victor Segalen compléteront cette exposition.

Contacts :



Lectures sous l'arbre (festival de poésie)




Du dimanche 19 août 2012 au dimanche 26 août 2012 se tient dans la région du Chambon-sur-Lignon, un festival de poésie contemporaine Lectures sous l'arbre

À 1 000 m d’altitude, entre Auvergne et Rhône-Alpes, toute une semaine de lectures et de rencontres en pleine nature, autour de la poésie contemporaine...


En particulier, le 23 août, à 15 h 15, à l’atelier de Cheyne (yourte) Hubert Voignier évoque le rôle qu’a joué pour lui la découverte de Victor Segalen.

Nombre de places limité. Sur réservation, 5 €.

dimanche 15 avril 2012

Bovarysme et tragique (Colette Camelin)

Jules de Gaultier

Colette Camelin vient de publier un article dans le numéro 9 de LHT, la revue en ligne du site Fabula, numéro dirigé par Marielle Macé et consacré au bovarysme. L'article porte en grande partie sur Victor Segalen. Vous pouvez le lire dans son intégralité ici. En voici le résumé :

Le Bovarysme en tant que capacité à « se concevoir autre » est une tentative pour penser notre rapport au réel : soit il consiste en une aliénation qui fixe le sujet à des fantasmes et le coupe du réel (c’est ce qui arrive à Emma) ; soit, par la force de l’imagination, il dégage de nouvelles possibilités de pratiques dans le réel. Ce Bovarysme libérateur s’inscrit dans la pensée vitaliste de Bergson, c’est une puissance dynamique d’adaptation au mouvement de la vie. Jules de Gaultier insiste aussi sur la dimension esthétique empruntée à Schopenhauer : le Bovarysme devient alors le pouvoir de transformer sensations et émotions en jouissances esthétiques. L’exotisme de Segalen se réfère explicitement à Jules de Gaultier, mais il diffère du Bovarysme sur plusieurs points : il s’agit d’éprouver le choc du Divers — une secousse au contact du « bon gros réel ». De plus, le travail artistique est indissociable d’un art de vivre, l’intensité de la sensation de la jouissance esthétique. Surtout, en nietzschéen, Segalen s’écarte de l’idéalisme schopenhauerien et du Bovarysme, pour se tourner vers la pensée tragique, consistant à admettre toute réalité, si terrible soit-elle ­­— c’est ainsi que « s’exalte l’existence ». (Texte de Colette Camelin).


vendredi 16 mars 2012

Un Centre médico-social Victor-Segalen à Clichy

Segalen sans doute au T'ien-tsin Medical College vers 1910

Fin octobre 2011, le Centre Victor Segalen, Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) a ouvert à Clichy (Hauts de Seine)
Ce centre médico-social est géré par l’Association de l’Hôpital Nord 92 de Villeneuve La Garenne.
Il s’adresse et reçoit toute personne concernée par un problème d’addiction (alcool, toxiques illicites, tabac, addiction sans produit, etc.)
Il est constitué de 2 pôles :
  • Pôle consultations médico-psycho-sociales
  • Pôle accueil avec activités artistiques et créatrices (théâtre, arts plastiques, écriture, musique)
Le choix du nom de Victor Segalen pour notre centre s’est imposé : résonances et correspondances entre son œuvre (et sa vie) et notre projet clinique et éthique concernant nos patients.
Voyageur, Poète, Médecin, Homme de Culture, Victor Segalen réunit sous son nom la puissance créatrice, le goût de la découverte et de l’étonnement, le désir de soigner, l’aspiration à la liberté, toutes valeurs auxquelles nous sommes attachés.
Le centre Victor Segalen a été inauguré le jeudi 15 mars à 17h
Une journée « Porte  ouverte » est prévue le jeudi 5 avril entre 9h et 18h
Centre Victor Segalen
21 rue Médéric
92600 CLICHY
Tél : 01 41 21 05 63.
Marie-Françoise Moutier

mardi 28 février 2012

Écrire le voyage en Chine, par Hui Zhui (thèse 2011)


Dans « Écrire le voyage en Chine (1840-1939). Poétique et altérité », thèse de doctorat préparée sous la direction du Professeur Didier Alexandre et soutenue le 8 décembre 2011 à l’Université Paris IV, Hui Zhu a proposé d’analyser l’écriture du voyage telle qu’elle est pratiquée par un ensemble de treize auteurs, allant du père Huc qui arriva en Chine au milieu du XIXe siècle à Ella Maillart qui traversa la Chine d’Est en Ouest un siècle plus tard. Victor Segalen occupe une place importante parmi les auteurs étudiés et plusieurs chapitres lui sont consacrés.

Dans la partie de la thèse (2ème partie) qui s’interroge sur le type de relation que l’auteur conçoit à l’égard de son lectorat, l’écriture d’Équipée est qualifiée d’écriture personnelle, par opposition à l’écriture communicative, opposition argumentée dans un chapitre intitulé «Deux perspectives et deux écritures». L’analyse met en évidence que la synthétisation de la logique spatio-temporelle, l’exclusion du compagnon de voyage par l’écriture, la présence d’un double jeu assuré par un double je, ainsi que le refus des moyens de séduction transmis par la tradition de la littérature du voyage constituent les principales caractéristiques de l’écriture d’Équipée.

Toujours dans la deuxième partie de la thèse, l’étape 9 d’Équipée, «LE FLEUVE DISPUTE À LA MONTAGNE», fait l’objet d’une analyse détaillée  consacré à l’intertextualité, dans un chapitre intitulé «Segalen et Hourst : les rapides du Yang-tseu». À partir des notes que Segalen consigne dans Briques et tuiles d’une part et du Grand Fleuve d’autre part, l’analyse expose les indices permettant de postuler l’hypothèse selon laquelle Dans les Rapides du fleuve d’Émile Hourst, récit publié en 1904, pourrait être un intertexte de l’étape 9 d’Équipée, et plus précisément de l’écriture du franchissement des rapides du Yang-tseu. L’analyse se poursuit en mettant face à face ces deux textes. Plusieurs liens intertextuels se révèlent et corroborent l’hypothèse. Le vocabulaire technique de Hourst est repris par Segalen à travers une médiation esthétique qui vise à ériger le moment de crise du fleuve en crise de la vie. Trois spécificités techniques de la navigation relatées par Hourst sont empruntées et réécrites par Segalen qui exploite leur valeur symbolique et poétique en les intégrant à trois moments clefs de l’épisode de la descente du rapide d’Équipée : il s’agit de la description du point de non-retour du rapide, celle de la neutralisation de la vitesse de l’embarcation et celle de la manœuvre dite paradoxale. Le personnage du je ou du « maître européen » d’Équipée, présenté comme un pilote improvisé et surtout doué d’une intuition inattendue, constitue la figure symbolique de l’accord. C’est également celui qui sait lire les signes : les mouvements d’eau lui sont compréhensibles grâce à l’organe de communication, le sao. Ce personnage segalénien constitue une figure magnifiée du personnage du pilote anglais, Plant, décrit par Hourst comme le «merveilleux manœuvrier» et le premier pilote européen qui ait jamais conquis les rapides du Yang-tseu. L’analyse conclut que la lecture de Hourst a permis à Segalen de récolter un matériau poétique potentiel que ne lui a pas fourni l’expérience directe. Ce matériau, refondu dans le ressenti personnel des expériences de terrain et intégré dans la poétique et l'imaginaire d’une écriture de voyage propre à Segalen, donne lieu à ce moment de plénitude où le monde des mots de l’écrivain s’unit au monde substantiel du marinier.

Il est à nouveau question d’Équipée dans la troisième partie de la thèse, consacrée à l’exotisme et à l’altérité. En évoquant Segalen avec Claudel et Michaux dans un même chapitre, intitulé «L’exotisme comme lointain intérieur», l’analyse tente de saisir les spécificités de l’exotisme segalénien en mettant en regard Connaissance de l’Est et Un Barbare en Asie. Chez ces trois auteurs, l’Autre n’est pas appréhendé à partir de son paraître, mais saisi de l’intérieur. Segalen partage avec Claudel cette attention aiguë accordée à l’essentiel et au fondamental, avec Michaux ce rejet de l’exotisme conventionnel et cet anoblissement du faible («le faible divers») et du banal («le quotidien»). Le regard de l’exote et le regard du Barbare, à la fois brefs et volontairement naïfs, sont toujours en quête du regard de l’Autre et permettent de restaurer cette distance si indispensable pour faire le chemin qui mène de soi à soi en faisant le tour du monde.

La réflexion sur l’exotisme et l’altérité se prolonge ensuite autour de deux thématiques : le blanc de la carte et l’autre langagier. Le chapitre « Le blanc symbolique et allégorique » est consacré à l’étape 20 «L’AVANT-MONDE ET L’ARRIÈRE-MONDE» d’Équipée, étape énigmatique et particulièrement foisonnante de significations, qui demande aux lecteurs de situer son interprétation sur plusieurs plans. La réflexion s’organise en quatre temps. Elle démontre d’abord qu’autour de la thématique du pays blanc sur la carte, Segalen met en scène de façon concomitante un voyage raconté et un voyage commenté, ce dernier établissant une distance critique à l’égard du récit de voyage lui-même. Puis, sur le plan de la création poétique, la réflexion vise à mettre en évidence que la plongée dans le blanc constitue une allégorie du dévoiement. Celui-ci se définit à la fois comme un instant clef de la découverte du blanc de la carte et comme un procédé de l’écriture. La réflexion se poursuit ensuite sur une autre fonction allégorique du pays blanc qui consiste à donner corps à l’exotisme dans le temps et à l’exotisme à l’envers. Enfin, la réflexion porte sur les divers enjeux de la réécriture d’un conte taoïste que Segalen a intégrée dans la thématique du blanc de la carte.

Dans la thématique de l’autre langagier, Équipée occupe une importante place au chapitre «La présence du parler de l’autre dans le langage du même». À partir du constat que des mots chinois, tels que mafou, coolie, li et sao, fréquemment employés sous la plume de voyageurs, forment des îlots d’étrangeté qui sont néanmoins rendus compréhensibles pour le lecteur français, la réflexion s’interroge sur les techniques de transcription et sur les significations de ces mots chinois qui, dans le texte français, acquièrent souvent de nouvelles connotations, voire des valeurs symboliques que leur propre étymologie ignore.
(Texte de Hui Zhu).

mardi 24 janvier 2012

Actes du colloque Le Clézio, Glissant, Segalen


Les actes du colloque qui s'est tenu à Chambéry en décembre 2010 sont à présent publiés.
Voici le texte de présentation d'un des organisateurs, Claude Cavallero :

Au cours des dernières années, l'œuvre littéraire de Le Clézio a fait l’objet de nombreuses études monographiques, lesquelles ont souvent occulté ses liens ténus avec d’autres créations contemporaines, voire plus anciennes. Ainsi de l’étonnante relation d’intertextualité observable avec les textes d’Édouard Glissant et de Victor Segalen, œuvres qui mettent systématiquement en cause les concepts d’identité et de relation à l’Autre. Segalen était à la recherche d’un nouvel exotisme, d’une ascèse du corps et de l’esprit permettant l’accès à un ailleurs transcendé. Glissant a développé une poétique de la relation où l’identité ne peut plus se concevoir à partir d’une racine unique mais à travers une prise en compte du Divers. Quant à lui, Le Clézio tire de ses séjours auprès de communautés amérindiennes une continuelle attention à des différences culturelles qui le conduisent à prendre des distances définitives avec une certaine doxa de la pensée occidentale. C’est en considérant de telles convergences qu’a germé l’idée d’un colloque universitaire dont l’objectif serait d’exhorter le lecteur à emprunter les passerelles permettant d’enrichir la lecture d’une œuvre au contact de l’autre selon l’esprit même de la poétique de Segalen nous invitant à faire reculer sans cesse les limites sémantiques apparentes des mots. Dans le contexte des nombreux métissages contemporains, il devenait urgent d’ouvrir le dialogue entre ces corpus emblématiques placés sous le signe d’une commune errance où le voyage perd sa dimension aventureuse en vue d’une quête démystifiée de l’Autre.

Sommaire
  • Avant-propos, Claude Cavallero
  • "Territoires à l'épreuve de l'Autre: de l'île du Maître-du-Jouir à l'archipel de Glissant", Colette Camelin
  • "Machine arrière", Jean-Louis Cornille
  • "L’aventure du vide: étude intertextuelle de La saison des pluies de J.-M.G. Le Clézio et de l’Essai sur l’exotisme de Victor Segalen", Amy Cartal-Falk
  • "Les avatars de la parole métisse dans Raga de J.-M.G. Le Clézio et La terre magnétique d’Édouard Glissant", Claude Cavallero
  • "Le Germe et le Rhizome: Segalen et Glissant", Jean-Pol Madou
  • "Segalen et Glissant: de la quête identitaire à l’identifiction", Karine Gros
  • "Révolutions: la mémoire comme espace de "Relation"", Martha van der Drift
  • "Le Contraire et le Semblable: de l’exotisme de Segalen À l’humanisme de Glissant", Sidi Omar Azeroual
  • "Du récif à la vague: figures de la mer chez Segalen et Le Clézio", Rachel Bouvet
  • "La nomadologie de Deleuze: point de rencontre entre Le Clézio et Glissant", Angelos Triantafyllou 
  • "Les «Équipées» de J.-M.G. Le Clézio et la déconstruction de l’aventure", Bruno Thibault
  • "Variations autour du mythe insulaire: Segalen, Le Clézio, Glissant", Bernadette Rey Mimoso-Ruiz
  • "Itinéraire exotique, francophonies insulaires, chez Le Clézio, Segalen, Glissant", Silvia Baage
  • "Segalen, Glissant, Le Clézio et l’ambiguïté insulaire", Jean-Xavier Ridon
  • "Pour une phénoménologie du voyageur du divers", Olivier Salazar-Ferrer
Vous pouvez vous procurer l'ouvrage auprès de notre diffuseur/distributeur, le Comptoir des Presses d'universités (LCDPU) à cette adresse:
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