Jules de Gaultier |
Le Bovarysme en tant que capacité à
« se concevoir autre » est une tentative pour penser
notre rapport au réel : soit il consiste en une aliénation qui
fixe le sujet à des fantasmes et le coupe du réel (c’est ce qui
arrive à Emma) ; soit, par la force de l’imagination, il
dégage de nouvelles possibilités de pratiques dans le réel. Ce
Bovarysme libérateur s’inscrit dans la pensée vitaliste de
Bergson, c’est une puissance dynamique d’adaptation au mouvement
de la vie. Jules de Gaultier insiste aussi sur la dimension
esthétique empruntée à Schopenhauer : le Bovarysme devient
alors le pouvoir de transformer sensations et émotions en
jouissances esthétiques. L’exotisme de Segalen se réfère
explicitement à Jules de Gaultier, mais il diffère du Bovarysme sur
plusieurs points : il s’agit d’éprouver le choc du Divers —
une secousse au contact du « bon gros réel ». De plus,
le travail artistique est indissociable d’un art de vivre,
l’intensité de la sensation de la jouissance esthétique. Surtout,
en nietzschéen, Segalen s’écarte de l’idéalisme
schopenhauerien et du Bovarysme, pour se tourner vers la pensée
tragique, consistant à admettre toute réalité, si terrible
soit-elle — c’est ainsi que « s’exalte
l’existence ». (Texte de Colette Camelin).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire